Orléans – Jeanne d’arc, une histoire d’amour…

juin 30, 2010 by

Située dans le Loiret dont elle est la Préfecture et capitale de la région Centre, Orléans est appelée la Cité Johannique. Pourquoi une telle périphrase pour désigner une ville ligérienne ? Gilles LUNEAU, journaliste pour GEO dit en février 2010 dans une interview sur FranceInfo : « En trente ans, Orléans a gagné sept mille habitants et la ville en compte aujourd’hui cent treize mille ; mais elle s’est transformée tout en préservant son côté provincial. Forcément en trente ans, on change… la capitale de la région Centre ne fait pas exception à la règle ! Comme beaucoup d’autres villes, le centre historique a été rénové, le tramway, inauguré en 2000, sert de trait d’union, traversant les quartiers, du nord au sud. Les bords de Loire ont été rendus aux piétons, des bâtiments modernes ont surgi- comme la médiathèque- et dès les années soixante, une cité style campus universitaire, a poussé à douze kilomètres de là, dans le but d’attirer les jeunes et ensuite les scientifiques et laboratoires de recherche. Et s’il est une tradition indéboulonnable à Orléans, c’est la célébration des Fêtes de Jeanne d’Arc, ces fêtes dites johanniques qui ont lieu chaque année, depuis 1429, date de la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc. » Orléans possède une Histoire riche, le fait le plus marquant étant la libération de sa cité le 8 mai 1429 par Jeanne d’Arc. Pour rappel, voici quelques lignes sur les neuf jours que Jeanne d’Arc passa à Orléans, son contexte d’arrivée et ses raisons de départ dont les citations sont issues « J’ai nom Jeanne la Pucelle » aux éditions Gallimard et écrit par feu la Directrice du Centre Jeanne d’Arc d’Orléans Régine PERNOUD. Orléans dès 1428, en pleine guerre de cent ans, est bloquée par les anglais, d’abord sur sa rive gauche – Orléans bordant la Loire –  puis au Nord et à l’Ouest : « Seule demeurait libre, à l’Est-ce que l’on nomme la Porte Bourgogne ». Ce siège anglais tiens la ville royale d’Orléans. C’est donc plus que de simples citoyens qui ont été ici libéré, c’est un symbole du retour du Roy de France en puissance dans son royaume. Elle entre alors par la Porte Bourgogne dans la nuit du 29 avril 1429 acclamée par une foule en liesse et dort à l’Hôtel de Jacques BOUCHER. Cet hôtel est aujourd’hui le Musée Jeanne d’Arc. Nous sommes un vendredi. Cette entrée est toujours commémorée durant les Fêtes de Jeanne d’Arc et en est même le symbole du lancement des festivités. Le dimanche, le Bâtard d’Orléans – futur Comte de Dunois – va chercher à Blois des renforts puisque Jeanne est impatiente de lever le siège de la cité. Le mercredi 4 mai, c’est la bataille au Port de Saint-Loup. Jeanne découvre alors dit-on l’horreur de la guerre. Le 6 mai, c’est la bataille du Fort des Augustins. Bataille également gagnée, mais Orléans n’est toujours pas délivrée. Le 7 mai, après plusieurs assauts, le Fort des Tourelles revient enfin aux mains des français. C’est l’entrée normale et stratégique d’Orléans. Le 8 mai au matin, les dernières forces regroupées dans les bastides anglaises se mettent en ordre de batailles face aux troupes françaises. Jeanne refuse en l’honneur du Saint-Dimanche de lancer l’attaque. « Une heure suspens, après quoi un ordre circule dans les rangs anglais qui se mirent en chemin et s’en allèrent bien rangés et ordonnés vers Meung-sur-Loire, et levèrent totalement le siège qu’ils avaient tenu devant Orléans depuis le douzième jour d’Octobre 1428 jusqu’à ce jour. » Jeanne s’en vint après quelques jours de repos et soins pour une blessure par flèche. On connaît la suite : sacre du roi Charles VII à Reims, extension du domaine royal, procès et exécution à Rouen, béatification et canonisation. La cité, appelée donc depuis « johannique », commémore fidèlement chaque année sa libération et ce sans presque aucune interruption (Révolution Française et les guerres) !!! Elle a en 2009 fêté également « une double date » puisqu’est fêté également le centenaire de la béatification de Jeanne d’Arc (par le Pape Pie X le 30 mai 1909) et attend 2012 avec impatience pour fêter le 600ème anniversaire de sa naissance le jour de l’épiphanie (6 janvier) 1412. Les Fêtes de Jeanne d’Arc organisées dans ce cadre s’articulent autour de plusieurs manifestations traditionnelles :
•    la Remise de l’Epée entre les deux filles figurant annuellement l’héroïne, et la Commémoration de l’Entrée de Jeanne d’Arc par la Porte Bourgogne, le 29 avril
•    la Chevauchée de Jeanne d’Arc, le 1er mai,
•    le Recueillement en l’église ND des Miracles, le 2 mai,
•    la Remise de l’Etendard, le 7 mai au soir,
•    l’Office Religieux Solennel en la Cathédrale, le 8 mai,
•    le Cortège des Provinces Françaises le 8 mai matin,
•    le Défilé Militaire le 8 mai après-midi (2ème de France),
•    le Cortège Commémoratif du 8 mai après-midi,
•    la Restitution de l’Étendard de Jeanne d’Arc le 8 mai en fin d’après-midi.
Pour répondre aux objectifs de M. le Maire, ces cérémonies traditionnelles ont été enrichies au fil du temps par de nouveaux événements festifs comme :
•    la Fête Médiévale sur l’Ile Charlemagne, le 1er mai,
•    le Marché Médiéval, au Campo Santo, durant 2 à 4 jours,
•    les Ripailles Médiévales,
•    une Soirée Electro de grande envergure à destination des jeunes.
S’ajoutent à cela, des conférences, des expositions thématiques, des visites, des concerts et toutes sortes d’animations qui donnent à la ville une petite idée de la liesse que Jeanne d’Arc engendra lors de sa présence dans la cité. Il vous suffirait d’écouter la « cantate à l’étendard », hymne orléanais, pour comprendre …

Benjamin GUYOT

Francigenum Opus

juin 30, 2010 by

Selon moi et sans chauvinisme aucun (pour une fois) ou presque, cet art est le plus beau et le plus resplendissant. Bien que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, quoi que cela peut amener à des soirées débats passionnantes, cet élévation et cette conception mobilière et immobilière n’a de cesse d’obtenir la bouche admirative et les yeux émerveillés des badauds découvrant le patrimoine comme si chaque était leur première. Il faut dire qu’on ne s’en lasse pas… Des Hôtels de Ville au Cathédrales, des vitraux aux ostensoirs celui que l’on appelle initialement le « francigenum opus » (ndlr : comprendre œuvre francilienne, de par son berceau d’origine, une sorte de Grand Paris allant de la Picardie au Val de Loire et de la Normandie à la Champagne), puis « gothique » cet art nous offre : dentelles de pierres et de métaux, couleurs de pierres et de vitraux
Art développé à la suite du roman durant la seconde moitié des dix siècle de l’âge sombre (ou moyen-âge), c’est un livre de vie, un manuel de catéchisme, un almanach … une Bible de pierre ! Il se caractérise par l’ouverture de ses murs et l’affinement de ses structures, l’élévation de ses tours et la précision de ses éléments décoratifs. Par anachronisme on pourrait citer cette devise du gothique : « citius, altius, fortius ». Arcs en croisées d’ogives, vitraux lumineux, fines colonnes, pinacles, arcs-boutants épurés, rosace, … autant d’élément qui font de cet art évolutif le symbole de la grandeur française des temps médiévaux et qui prouve les progrès techniques et physiques de l’architecture de l’époque. Ce n’est pas tant une rupture qu’une évolution logique des contreforts et des effets arrondis de l‘art roman.
D’abord :
– « primitif » au XIIème siècle, avec l’exemple classique de la Cathédrale Saint-Etienne de Sens et son alternance de piliers forts et fins.
– « classique » fin XIIème et début XIIIème les fameuses cathédrales d’Amiens de Bourges, de Chartres et de Reims, où s’opèrent les premières ouvertures vers la luminosité et la couleur.
– « rayonnant » jusqu’à la première moitié du XIVème siècle, comme Notre-Dame de Paris et les piliers ronds, les premières rosaces…
– « flamboyant » au XVème et XVIème siècle et sa surcharge de dentelles et de détails dont l’exemple le plus connu est la Sainte-Chapelle de Paris.
– « néogothique », qui réapparait au XIXème siècle notamment aux USA mais aussi sur des édifices français gothiques d’origine mais détruits puis reconstruits en dehors de la période susnommée comme la Cathédrale Sainte-Croix d’Orléans.
A cela s’ajoutent certaines spécificités provinciales comme le gothique angevin pour la Cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, le gothique normand pou la Cathédrale de Coutances ou encore le gothique anglais comme l’abbaye de Westminster. On le retrouve également en inspiration en Alemagne avec Cologne ou en Espagne plus récemment avec Gaudi… COPIEURS ! ! ! 😉

Benjamin GUYOT

Organisés et malgré tout français

juin 29, 2010 by

C’est sûrement la seule entité connue et organisée en France. Symétrisation des éléments. Correction de la profondeur. Taille militaire. Harmonisation des espaces. Ils font la notoriété de la France depuis le XVIIème siècle. Les jardins à la française.

S’opposant à la fois à la nature par orgueil, et aux Anglais par principe, ces œuvres paysagères font la réputation de l’environnement des monuments dont la renommée n’est plus à faire. Chantilly, Versailles, Saint-Cloud… chaque château possède le sien. Parfois en regard avec le parc anglais souvent séparés l’un de l’autre par un cours d’eau, sorte de ligne médiane d’un terrain de rugby ou la calebasse aurait la forme d’un château toujours plus gros. Typique de ce style, les allées d’arbres, les formes géométriques, les perspectives trompeuses, les cascade et espaliers, la mise en abîme… formant des salles , des théâtres de verdure ou des coins reclus pour amoureux transits. Ils offrent un dégradé depuis le monument jusqu’aux terres forestières où au fur et à mesure la nature reprend ses droits. Pour parfaire à cette harmonie verte les jeux (ou jets) d’eau se mêlent régulièrement aux points stratégiques des jardins. C’est un travail d’architecte de la nature et d’hydraulicien, dont le remarquable LeNôtre est le plus bel exemple et qui, bien que plus ancien, contraste largement avec  le travail de peintre du paysage des parcs anglais.

Benjamin GUYOT

Des FFL au Ministère

juin 29, 2010 by

« Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d’exaltation dans le soleil d’Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège». Ces mots clamés d’une voie emprise d’émotion sont bien connus des Français qui sont passés par les bancs du lycée. Ils sont l’œuvre d’un résistant et passionné d’art, d’un gaulliste convaincu et amoureux des femmes, mais surtout en ce jubilé : du fondateur du Ministère des Affaires Culturelles qui après plus de cent années de tentatives, et presque tout autant de dénomination, est enfin fonctionnel. André MALRAUX.

Il est presque étonnant que depuis tout ce temps j’ai réussi à parler de culture et de France sans écrire un billet sur lui. Il faut dire que je ne souhaitai pas le bâcler, ma place au Panthéon pourrait en sévèrement touchée… Résistant de la première heure ou sur le tard ? On ne sait pas trop. Quoiqu’il en soit son combat fût fort et ses relations le placèrent dès la sortie de la guerre au Ministère de l’Information. Il finira par créer le Ministère, sous le gouvernement de son ami Charles de Gaulle, chargé des affaires culturelles. Homme de contact, certains le diront manipulateur, il écrit et voyage beaucoup, multipliant ses rencontres et ses expériences. Ses discours restent célèbres et sa verve n’a pas d’égal. Il demeure à jamais au Panthéon près de ceux dont il s’est souvent inspiré et de ceux qu’il a accueilli pour la France. Des Lumières au symbole de la résistance, un humaniste … un compagnon !!

Benjamin GUYOT

Mer bleue, cheveux blancs, bonnet rouge …

juin 28, 2010 by

« Mon but n’est pas d’enseigner, je ne suis ni un scientifique ni un professeur. Je suis un découvreur, mon but est d’émerveiller. On aime ce qui nous a émerveillé, et on protège ce que l’on aime ». Il aurait 100 ans aujourd’hui et ni les océans ni les hommes ne l’ont oublié. Jacques-Yves COUSTEAU, l’homme au bonnet rouge, qui occupa de sa caméra les bancs de poissons et ceux de l’Académie Française de sa plume, a marqué le XXème siècle par plusieurs vagues. Officier formé à l’école Navale de Brest il fait ses preuves dans le renseignement puis dans la recherche sous-marine. Il est également l’inventeur du scaphandre autonome moderne et révolutionne ainsi la plongée. Mais nous le connaissons plus aujourd’hui pour son travail d’océanographe et de cinéaste, puisqu’il fût le Commandant mythique de la Calypso qui nous émerveilla les dimanches après-midi. C’est un hommage ici que je souhaite lui rendre. Remercier l’inventeur qui développa le scaphandre autonome et rendit à l’Homme sa liberté « d’aquaphile ». Remercier le scientifique qui donna un sens certain à la gestion du domaine maritime. Remercier l’homme qui offrit au grand public une vision du grand monde sous-marin. Il contribua c’est certain à la grandeur culturel de la France, ce pays qui dans le monde a un accès à tous les océans et en métropole sur trois mers de plus.

Benjamin GUYOT

Castigat ridendo mores …

mars 17, 2010 by

Des lustres que ce blog existe et toujours pas de billet sur lui. Des lustres en effet, au premier sens du terme qu’on peut d’ailleurs lui appliquer puisque nous parlerons ici de mon auteur théâtral préféré. À force de lecture je me sens presque devenu son ami et me permet dans l’intimité de l’appeler JB. Mais pour que tout le monde comprenne je parlerais ci-dessous de lui sous son pseudonyme fort connu sur le web et tous les réseaux de tchat qui font (dés)-honneur à sa verve et à sa langue… Molière ! ! !

Jean-Baptiste POQUELIN, JB, est un auteur et acteur d’art dramatique (quoiqu’au final plus proche de la comédie que du tragique) dont on ignore la date de naissance (mais on peut l’imaginer entre les fêtes de Noël de 1621 et l’épiphanie de 1622). Il mourut (paix à son âme) selon la légende sur scène en 1673 en jouant le « malade imaginaire »… Quelle chute. Mickael Jackson n’a rien inventé à la seule différence que Molière a été obligé d’arrêter d’écrire pour cause de décès. Une véritable perte ! Il est l’âme de la Comédie-Française. Je ne parle ici pas tant de l’institution que de l’esprit. Auteur cynique, ironique, comique et bien d’autres termes en « ique » à l’origine de rires non contrôlables lors des représentations de ses comédies. Il est devenu mon maître de plume que jamais je ne rattraperai. Capable de ridiculiser par caricature, comprendre ici au sens propre du mot l’exagération des traits de caractères de ses personnages, il est né pour faire rire les honnêtes gens. Étant pourtant lui-même issus de parents bourgeois maisonnette 😉 Parler de lui trop longtemps gâcherai son travail et je ne puis que vous recommander de lire ses œuvres, ou mieux encore d’aller les voir jouer au théâtre et ce peu importe la troupe, puisque même des enfants peuvent jouer et transmettre à merveille le message quelque peu moqueur de l’auteur sur la société du XVIIème siècle. Je me contenterai alors de citer ci-dessous mes répliques préférées en espérant sincèrement qu’elles vous donneront si ce n’est l’envie de le découvrir  au moins le don de vous faire sourire.

Les Femmes savantes (1672) – Acte II, scène 7

Il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, Qu’une femme étudie et sache tant de choses. Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir  l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie, Doit être son étude et sa philosophie. Nos pères sur ce point étaient gens bien sensés, Qui disaient qu’une femme en sait toujours assez. Quand la capacité de son esprit se hausse À connaître un pourpoint d’avec un haut de chausse. Les leurs ne lisaient point, mais elles vivaient bien ; Leurs ménages étaient tout leur docte entretien, Et leurs livres un dé, du fil et des aiguilles, Dont elles travaillaient au trousseau de leurs filles. Les femmes d’à présent sont bien loin de ces mœurs : Elles veulent  écrire, et devenir auteurs. Nulle science n’est pour elles trop profonde, Et céans beaucoup plus  qu’en aucun lieu du monde : Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir, Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir…

Le Bourgeois gentilhomme (1670) – Acte II, scène 4

–          Quoi ? Quand je dis : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles, et me donnez mon bonnet de nuit », c’est de la prose ?

–          Oui, monsieur.

–          Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela.

Dom Juan (1670) – Acte V, scène 2

Il y a bien quelque chose là-dedans que je ne comprends pas, mais quoi que ce puisse être, cela n’est pas capable, ni de convaincre mon esprit, ni d’ébranler mon âme, et si j’ai dit que je voulais corriger ma conduite, et me jeter dans un train de vie exemplaire, c’est un dessein que j’ai formé par pure politique, un stratagème utile, une grimace nécessaire, où je veux me contraindre pour ménager un père dont j’ai besoin, et me mettre à couvert du côté des hommes de cent fâcheuses aventures qui pourraient m’arriver. Je veux bien, Sganarelle, t’en faire confidence, et je suis bien aise d’avoir un témoin du fond de mon âme et des véritables motifs* qui m’obligent à faire les choses.

Benjamin GUYOT

Il sentait bon le sable chaud

mars 9, 2010 by

Corps d’armée de l’armée de terre française crée en 1831 sous le règne le roi Louis-Philippe et ne pouvant combattre qu’outre mer sauf si la métropole est envahie. Il conclue traditionnellement le défilé du 14 juillet sur les Champs Élysée de ses 88 pas minutes (contre les 120 des autres corps, s’ils passaient devant ça pousserait vite au talon des rangers à lacet blancs). Il est le symbole de la puissance de la défense française. Considéré par beaucoup comme le corps le meilleur parmi l’ensemble mondial des forces armées. Son recrutement et son entrainement est le plus intensif et sa diversité fait sa force. Et sa devise « LEGIO PATRIA NOSTRA » (pour les non-latinistes : La Légion est notre Patrie) fait rêver le plus pêchu des jeunes garçons youlés désireux de porter le béret vert, le képi blanc les galons rouge et vert ou la ceinture bleue.

A ses débuts, la Légion Étrangère est le moyen le plus efficace pour se débarrasser des éléments « parasites »  de la société française. On y retrouve donc : meurtriers, évadés, criminels de droit commun et immigrés. Aujourd’hui officieusement ça ne semble peu avoir changé mais la raison qui sort lors des entretiens le plus souvent est la soif d’aventures et l’envie de se créer une nouvelle identité. Contre une possible démotivation la Légion développe une discipline incroyablement stricte, dépassant de loin celle imposée à l’armée française régulière et qui en fait sa réputation et très certainement son efficacité en opération. Ses formations sont redoutées par la plupart des militaires dans le monde. Elle est aussi le corps qui a le plus de traditions (comme toutes les traditions militaires, elles sont plus moins avouables) que ce soit vestimentaire, ou autre (hormis le bahutage) que l’on retrouve dans le « Recueil des traditions de la Légion étrangère ». Il semble que les engagés volontaires aient un rapport étroit avec les événements d’une époque. La possibilité d’obtenir l’identité française « non par le sang reçu mais par le sang versé » est très certainement l’une des raisons principales de cet engouement. La langue d’ailleurs est le français et est appris au fur et à mesure de la formation. Il l’est non pas avec la méthode à Mimile, ni avec Ratus mais par des phrases simples basées sur le plan sujet+verbe telles : « Légionnaires   garde à vous » ou  pour les plus réactifs et les surdoués avec des phrases nominales comme « feu à volonté ». A l’instar de Tintin qui se lit de 7 à 77 ans, la Légion recrute de 171/2 à 40 ans et obéit au code d’honneur  suivant que je traduis ici pour le néophyte :

1 – Légionnaire, tu es un volontaire servant la France avec honneur et fidélité. Tu as signé maintenant tu assumes…

2 – Chaque légionnaire est ton frère d’arme, quelle que soit sa nationalité, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d’une même famille. Comme la loi des louveteaux : copain avec tous !

3 – Respectueux des traditions, attaché à tes chefs, la discipline et la camaraderie sont ta force, le courage et la loyauté tes vertus. T’occupes pas de la couleur du vélo et pédale.

4 – Fier de ton état de légionnaire, tu le montres dans ta tenue toujours élégante, ton comportement toujours digne mais modeste, ton casernement toujours net. Range ta chambre, tiens toi droit, ne met pas tes doigts dans le nez dis bonjour à la dame, merci qui ?

5 – Soldat d’élite, tu t’entraînes avec rigueur, tu entretiens ton arme comme ton bien le plus précieux, tu as le souci constant de ta forme physique. Mens sana in corpore sano.

6 – La mission est sacrée, tu l’exécutes jusqu’au bout et, s’il le faut, en opérations, au péril de ta vie. Maman le disait déjà quand tu étais petit : « fini ta soupe »

7 – Au combat tu agis sans passion et sans haine, tu respectes les ennemis vaincus, tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes. Soit fairplay

Sept points très simplifiés, on ne  va pas trop en demander quand même à un cerveau d’unité qui s’essaye à une seule langue en même temps qu’au tir et à d’autres activités sportives pour la grandeur de notre Patrie et à qui je dis sincèrement « Merci ».

Benjamin GUYOT

On vous em….e ? Oui. Mais c’est notre droit !

mars 8, 2010 by

Dès son arrivée à l’aéroport, la gare et par la suite dans les transports en commun et dans la rue, l’étranger (prenons notamment le cliché du japonais qui visite notre pays à travers le prisme de sa caméra évitant ainsi de voir la véritable beauté qui l’entoure) est tout de suite frappé. Non pas par la police comme le raconte Coluche dans ses blagues, mais par un droit que les français ont tendance à croire comme étant un devoir tellement ça en devient une habitude. La grève, ce droit de mettre un pays sans dessus dessous en dehors de la révolution nationale.

La Chanson du Dimanche qui comme à chaque semaine écrit une chanson sur un événement marquant de la semaine passée a profité en 2007 d’une recrudescence des grèves françaises pour écrire ces paroles humoristiques, parodiques et sarcastiques : « J’arrive à Paris à l’aéroport, Je prends le train, c’est pas possible. J’arrive à Paris à l’aéroport Je prends le bus, c’est pas possible. Tout le monde me dit aujourd’hui c’est la grève, C’est quoi la grève ? Petit cheminot où es-tu ? Petit cheminot que fais-tu ? Petit cheminot pense à moi ! Besoin de toi […] J’arrive à Paris place de l’Opéra, Je veux le taxi, c’est pas possible J’arrive à Paris place de l’Opéra, Je veux le vélib, c’est pas possible Tout le monde me dit aujourd’hui c’est la grève, Encore la grève ? […] Je vais à la Poste, pas possible, Je veux carte postale, pas possible, Je veux l’infirmière, pas possible, Je veux professeur, pas possible, Je veux fonctionnaire, pas possible, Je veux camionneur, pas possible, Je veux rugbyman, pas possible, Je veux une pute, ça c’est possible. Tout le monde a la grève sauf les putes ». En effet, il suffit de peu pour mettre le capharnaüm en France. Les professeurs font grèvent, et ce sont des milliers d’élèves et étudiants qui ne profitent pas de l’éducation pendant des jours voire des mois comme l’an dernier avec les facultés de sciences (notons tout de même à leur avantage que ces années là les diplômes sont « donnés »). Les éboueurs réussissent à bloquer une ville plusieurs jours et l’Homme étant ce qu’il est l’empilement des déchets se fait dans la rue et celle-ci devient vite invivable. La palme d’or revient régulièrement (environ une fois par mois selon les villes) aux organismes de transports qui non seulement ne se contentent plus d’être régulièrement en retard sur leurs horaires, mais bloquent littéralement le pays (et l’économie) par leur non service qui entraîne retards, embouteillages, accidents et crises de nerfs… Prenez la ligne 13, le RER A ou B régulièrement et vous comprendrez vite fait comment remplir l’équivalent de 4 rames en une seule. Les 15 clowns qui sortent d’une même voiture n’ont rien inventé disons-le. Rien d’étonnant à ce que les institutions lâchent le morceau régulièrement.

Fort heureusement, un service minimum est demandé et notamment dans les milieux d’urgences : sapeurs-pompiers, hôpitaux… Il serait en effet malvenu de s’entendre dire en appel au 18 (notez bien ce numéro il est vraiment utile) : « Ah non désolé Mademoiselle, je sais que votre appartement brûle, que vous êtes en babysitting au 5ème étage et que toutes issues vous sont coupées, mais le service de la grande échelle refuse de sortir, rappelez demain… CLIC ». Ou pire : « Aujourd’hui mardi 19 décembre, le centre antipoison est en grève… Tûûûûûûûûûûûûût ». Mais pour ceux dont le « tintintinlintin, suite à un mouvement de grève, le train TER n°8926 en provenance de les-Aubrays-Orléans et à destination de Paris-Austerlitz partira avec un retard prévu de 2h30 » occasionne un frémissement jouissif de bonheur (il doit bien avoir quelqu’un qui aime), ne vous inquiétez pas, ce n’est pas prêt de s’arrêter…

Benjamin GUYOT

Touche pas à mon béret ! ! !

janvier 21, 2010 by

Couvre-chef à la fois typique et parodique fait de feutre et d’une couronne de cuir illustre le français moyen vu par les touristes de base… Complémentaire en effet de la baguette, dont j’ai déjà fait référence dans un précédent billet, et de la bouteille de vin dans la 2CV, le béret  est l’apanage des grands de ce monde (ndlr : les français) tout comme l’illustre SuperDupont le fameux héros gotlibien.

Aux origines étaient les bergers béarnais (et non pas basques comme il est souvent prétendu, quoiqu’au final cela reste très franchouillard et aujourd’hui très lié au sud-ouest) qui pour se couvrir du froid et de la pluie utilisaient le béret à l’instar de leurs moutons portent la laine. Aujourd’hui seul le béret noir est considéré comme le béret français mais la couleur importe en réalité peu. Elle est surtout le symbole de groupements sociaux et un moyen de reconnaissance qui allié à la taille donne une multitude de genres. Du grand blanc appelé la tarte, béret des chasseurs-alpins dans lequel on prétend que la nuit il réchauffe leurs pieds transis. Au noir difforme, alias la faluche, des étudiants qui se retrouve vite recouvert de nombreux insignes que les initiés seuls comprennent. Rouge pour les férias. Amarante pour les parachutistes. Vert pour les commandos de marine (héritage anglais du groupe Kieffer qui débarqua en 1944 pour prendre Ouistreham). Il fut également un accessoire de mode dans les années 1930, la très jolie Michel Morgan le porte aussi bien que ses yeux, et semblerait revenir ponctuellement depuis quelques années. Les bérets sont tous unique. La masse qu’il forme dépend de l’histoire de son propriétaire. Portés haut sur le front droit pour les militaires, ou avachis en longue visières pour les berges et même vissés comme un bonnet pour les benêts.

Quand à ceux qui oseraient ridiculiser notre fameux couvre-chef de par sa tenue, je répondrai que contrairement à la casquette de baseball qu’ils portent fièrement et qui est fort à la mode, le béret – lui – bien porté peut être élégant et raffiné…

Benjamin GUYOT

« Nous donnons une touche française dans notre musique house… »

janvier 14, 2010 by

Depuis près de 15 ans, un terme à la fois « d’jeuns » et professionnel fait référence dans le monde musical actuel. Il résonne dans nos oreilles au rythme des infrabasses. Symbole de l’élégance française aux platines. Fluidité générale du mix electro à la rythmique house sur des samples des années 70 et 80. La French Touch.

Apparu pour la première fois sur l’inscription d’un blouson « We Give A French Touch To Our House Music » elle est popularisée par le magazine musical anglais spécialisé Muzik. Il désigne alors la tendance développée par le groupe phare de cette mouvance : les DaftPunk. Pourquoi French ? Parce que les artistes qui créent et représentatifs de ce mouvement sont français ! Laurent Garnier, Air, Phoenix, ou Étienne de Crécy sont autant de références dans ce monde notamment par leur talent et leur expérience  (la plupart de ceux-ci mixent depuis près de 20 ans).

Ils marchent beaucoup en duo permanents ou pour les solitaires font un bon nombre d’interprétation avec des musiciens (saxophonistes, violonistes, …) pour la production de certains morceaux. Ils donnent une image jeune et festive de la France même si finalement leur renommée se retrouve plus grande à l’étranger, comme au Japon ou aux États-Unis qui sont très friands du statut VIP français, que sur les dancefloor de l’hexagone. Bien loin de la techno commerciale ou de la makina faite à la presse hydraulique, elle se retrouve tout de même dans le grand monde de la musique électronique. Elle ressort notamment par le fait que ses auteurs sont des artistes ayants un réel talent musical et qui travaillent énormément à l’instar des compositeurs pour orchestre symphonique. Elle vient des passionnés de disco du jazz et du funk qui remettent au goût du jour et adaptent les samples sur des rythmiques plus modernes dites répétitives. Nous pouvons remercier Margaret Thatcher qui à la du Summer of Love de 1988 causa l’exportation en France des raves qui grâce à la politique Lang du tout est culture trouve son expansion.

Ce mouvement semble sortir du plus profond de l’âme et entrainer tout le corps dans un autre monde. Crispy Bacon de Laurent Garnier est un exemple type de ces morceaux. Il peut mettre plusieurs minutes pour s’installer : les membres fourmillent, les yeux se ferment, la tête dodeline frénétiquement, les  pulsations cardiaques tournent au ralenti et là ! ! ! le départ en puissance qui agit tel un défibrillateur et nous relance dans cet univers à la fois psychédélique ou il ne manquerait plus qu’un milk+velocent.

Aujourd’hui les artistes s’enchainent mais ne délogent pas les pères. Un peu plus commerciaux pour certains comme David Guetta (le plus people des DJ’s français) ou Justice et d’autres plus originels comme le tout récent Data. La French Touch c’est l’apport du mouvement corporel humain dans la mécanique de la musique électronique. La French Touch, c’est le lieu où se mélangent les robots, les humanoïdes et les marionnettes qui fument des saucisses.

Benjamin GUYOT